Dès lors, l’aventure commence et il multiplie les pratiques de chirurgie de réattribution sexuelle sur des patientes transgenres. Son cabinet devient le lieu numéro 1 du changement de sexe pour les célébrités parisiennes du milieu de la nuit.
Le Docteur Georges Burou est un gynécologue français reconnu pour ses innovations dans la chirurgie de réattribution sexuelle des femmes transgenres. Il est connu pour avoir fait de Casablanca, dans les années 60 et 70, la destination phare des personnes transgenres du monde entier qui désiraient recevoir une chirurgie de réassignation sexuelle.
Les débuts
Georges Burou naît le 6 septembre 1910 en France. Ses parents, professeurs, sont originaires d’Alger où ils retourneront vivre. Le jeune Burou entreprend des études de gynécologie-obstétrique à Oran et devient chef de clinique des hôpitaux d’Alger. Il ouvre sa propre clinique gynécologique en 1939.
Dans les années 1940, il part s’installer à Casablanca, au Maroc. Il s’y serait installé après une rupture amoureuse douloureuse. En réalité, il aurait été radié de l’Ordre des Médecins pour pratique illégale d’IVG alors interdites en France à cette époque. Il attire d’ailleurs des femmes du monde entier afin de les aider à avorter.
A Casablanca, il travaille d’abord dans la Clinique Conte puis à celle de Val d’Alfa avant d’ouvrir la clinique du Parc et malgré les problèmes que cela lui attire, le docteur continue de pratiquer des IVG clandestines et des fécondations in vitro.
Casablanca, capitale de la chirurgie de réattribution sexuelle
Le docteur Burou est surtout connu pour avoir fait, dans les années 60 et 70, de Casablanca la destination numéro un pour les femmes transgenres dont le désir était d’obtenir une intervention chirurgicale de réassignation de sexe.
En effet, en 1956, presque par hasard, il est mis en contact avec une personne transgenre lui demandant une chirurgie de réattribution sexuelle. Au docteur d’expliquer : « J’ai débuté cette spécialité presque par accident, parce qu’une jolie femme était venue me voir. En réalité, c’était un homme, je ne l’ai su qu’après, un ingénieur du son à Casablanca, âgé de 23 ans, vêtu en femme (…), avec une poitrine ravissante qu’il avait obtenue grâce à des piqûres d’hormones (…). Il m’a parlé de ses problèmes (…), ayant la conviction profonde que son corps de garçon était un tragique accident de la nature et irrémédiable (…). Devant ce problème tout nouveau pour moi (…), j’ai étudié pendant plusieurs mois les bassins masculin et féminin et je l’ai fait hospitaliser chez moi, dans ma clinique, qui se trouve à côté de mon cabinet et au-dessous de mon appartement. L’opération a duré trois heures. La «malade» est restée un mois en convalescence. Elle était satisfaite au-delà de toute expression. J’en avais fait une vraie femme.»
Dès lors, l’aventure commence et il multiplie les pratiques de chirurgie de réattribution sexuelle sur des patientes transgenres. Son cabinet devient le lieu numéro 1 du changement de sexe pour les célébrités parisiennes du milieu de la nuit. Ainsi, parmi ses patientes les plus célèbres, il faut compter Coccinelle qui contribuera largement à la notoriété du docteur, Bambi, April Ashley ou encore Capucine.
A sa clinique du Parc, les deux premiers étages sont réservés aux opérations classiques et le deuxième à la chirurgie de réassignation sexuelle. Ce deuxième étage présentait également une salle dédiée à préparer les patientes transgenres à s’adapter à leur vie future de femmes. On leur apprenait à marcher “comme une femme”, à se maquiller, etc.
Des pratiques pas toujours éthiques
Bien que le docteur Burrou était considéré comme un homme empathique qui considérait que chaque femme avait le droit d’avorter d’un enfant qu’elle ne désirait pas pour le bien de ce dernier, des témoignages révèlent une autre facette de lui.
En effet, il n’hésitait pas à euthanasier des enfants nés avec un handicap, des malformations difficilement opérables ou que les parents n’avaient pas les moyens de soigner. Par ailleurs, il pratiquait des fécondations in vitro sur des femmes sans en avertir les maris afin de ne pas mettre en cause leur virilité.
Une aura majoritairement reconnue
Malgré ces pratiques qui restaient à l’état de rumeurs, le Docteur Burou était largement admiré par ses patientes et par ses pairs. Il a été dépeint comme un homme charmeur, cultivé, élégant et athlétique. Amateur de ski nautique et de bateau qu’il pratiquait à Mohammedia.
Une certaine reconnaissance
Dans les années 1970, le docteur est reconnu par ses pairs du monde entier pour ses techniques novatrices en matière de chirurgie de réattribution sexuelle et il est invité à présenter son travail.
En 1973, il présente un rapport concernant ses pratiques au Congrès médical de la transsexualité à l’université de Stanford. Les États-Unis constituent un réservoir principal dans la patientèle du docteur dont la liste d’attente est interminable. Son travail sera également présenté au Congrès international de sexologie à Paris sur demande du Collège des hôpitaux de Paris.
De célèbres chirurgiens comme Stanley Biber reconnaissent les techniques de Burou comme la base de leur travail et des chirurgiens esthétiques comme William David Foerester reconnaissent qu’il a influencé leur carrière.
Aussi, dans les années 1970, Time réalisera un reportage intitulé “Prisonniers du sexe” dans lequel il revient sur les méthodes novatrices du docteur.
Georges Burou meurt en 1987 à Mohammedia dans un accident de bateau.
Conclusion
30 ans après sa mort, le Docteur Georges Burou continue de fasciner ses confrères. Certains admiratifs, d’autres critiques témoignent timidement ou anonymement comme s’ils ne voulaient pas être associés à ce docteur qui aurait pratiqué sa médecine novatrice dans des conditions illégales et douteuses.
Des patientes telles April Ashley ont d’ailleurs confessé avoir reçu des soins dans un sous-sol sombre par un médecin portant davantage un tablier de boucher qu’une blouse blanche.
Il aura tout de même pratiqué plus de 800 opérations de réattribution sexuelle sur des patientes anonymes et des stars transgenres et sa pratique fait toujours figure de référence dans le domaine.
SOURCES
https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Burou
https://fr.le360.ma/lifestyle/le-docteur-burou-lhomme-qui-fit-de-casablanca-la-capitale-mondiale-du-changement-de-sexe-175375
https://ledesk.ma/grandangle/casablanca-la-mecque-mythique-des-transsexuels/
IMAGE
https://m.le360.ma/lifestyle/le-docteur-burou-lhomme-qui-fit-de-casablanca-la-capitale-mondiale-du-changement-de-sexe-175375
https://ai.eecs.umich.edu/people/conway/TS/Burou/Burou.html

ARTICLE ÉCRIT PAR
KHADIJA HOUMIMI
Rédactrice, traductrice et philologue en langues française et espagnole